Al’heure de sortie de son album d’avril, l’auteure-compositeure-interprète d’Et après on verra… répond, de sa «côte sauvage» parisienne, du dédoublement. C’est la première fois, à ce sujet, qu’on voit quelqu’un mettre deux points de suspension - où est passé le troisième ?
Ça fait du bien (l’art), ou mal ?
Ça fait du bien «sur le moment». Du mal, car il faut reproduire les moments..
Comment faites-vous ? Par exemple, D’avril à juillet ?
D'abord, il me faut une pulsation. Je la bricole avec un arpège de guitare ou un loop. Il faut que ça se répète. En même temps, mots et mélodie, la structure de la chanson est d'emblée définitive. Je ne reviens jamais sur les mots. Celui qui vient est le bon pour moi, et le restera. Tout ça doit produire un son qui me plaît. En nageant, en marchant (dans Paris) ; je rumine. Quand je me mets au travail, tout est déjà là.
Vous vous sentez fêlée ? Ou équilibrée (par votre grain de voix) ?
Equilibrée seulement si je me double (toujours deux pistes de voix quand j'enregistre). L'une s'appuie sur l'autre dans le son qu'elle a déjà produit. Le seul moyen «d'apparaître» dans un imperceptible délai. Le calvaire en live de me sentir seule ; une seule voix nue sans l'appui de «l'autre», comme un guitariste sans pédales d'effets.
Votre production : journal, prière, autoérotisme… ?
Une prière, c’est exactement ça. Pas d’excitation sans rituel. Avec toujours les mêmes gestes, ça vient.
Quoi d’autre dans la vie, que cette passion intime ?
Je m’inquiète, ça prend du temps entre les migraines.
Vous citez : «Je n’ai pas toujours été vivant»…
Oui, c’est Bram van Velde qui dit qu’il ne fait que ce que la vie lui permet. J’ai traversé une dépression ; à ces moments-là, on n’(y) est plus, mais on le sait.
Vos autoportraits : comment vous (y) êtes-vous prise ?
Justement, parfois, on se dédoubl