A les voir exécuter leur danse de Saint-Guy à Caen, lors de la première française du Talking Light Show (Libération du 29 avril) qu'ils présenteront dimanche à Lyon (lire page suivante), piétinant l'ordre du monde de leurs vieilles quilles, camouflés comme de coutume, on se dit que les Residents sont immortels. «Groupe inconnu le plus célèbre du monde», comme ils se qualifient, ils prennent à rebours la loi fondamentale de la pop selon laquelle la musique doit avoir un visage, se coiffant à partir de 1979 d'un globe oculaire géant. Leur pseudonyme est à mettre au crédit d'un cadre de chez Warner auquel ils avaient envoyé des bandes sans indiquer de nom, juste une adresse de retour. Ce dernier les renvoya en les adressant simplement aux «résidents» et «ainsi commença l'histoire du plus important collectif de pop music du XXe siècle», écrivit leur historien officiel, Matt Groening, père des Simpson et fan de la première heure.
La mythologie veut qu'ils commencent à frayer ensemble sur les bancs du lycée au fond du bayou avant de rallier San Francisco en plein trip psyché. Au milieu des années 60, ils posent les bases de leur univers, passant la culture pop au mixeur dada. Dès ses premiers pas, l'obscur collectif prend un malin plaisir à railler les icônes, avec Meet The Residents où ils pastichent la pochette de Meet The Beatles tatoués et mutilés. Ils pointent l'aspect totalitaire de la musique pop avec Third