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Critique

Retour à «Main Street»

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Mythologie . La sortie de 10 titres inédits des Rolling Stones fait revivre l’aventure du classique blues-rock «Exile on Main Street».
Keith Richards et Anita Pallenberg, dans la villa Nellcôte, à Villefranche-sur-Mer, en 1971. (Dominique Tarlé)
publié le 28 mai 2010 à 0h00

En 1972, la sortie d'un album des Stones était encore un événement. Le groupe venait de poser ces jalons du blues-rock britannique que sont Beggars Banquet (1968), Let it Bleed (1969) et Sticky Fingers (1971). Mick Taylor était arrivé aux côtés de Keith Richards, injectant à la lead guitar un blues orthodoxe, efficace, là où le défunt Brian Jones faisait sonner des choses plus étranges. Le film de Jean-Luc Godard, One+One (1968, centré autour de l'enregistrement en studio de Sympathy for the Devil) avait dessiné une touche de légende. Gimme Shelter (1970), le docu des frères Maysles sur la tournée américaine de 1969, avait mis des images sur la vie de fable et de débauche des «Fantastic ! Rolling ! Stones !».

incroyables. Or voilà qu'en 1972, donc, arrivait dans les bacs (car il y en avait encore à l'époque) un double album des Rolling Stones, le premier et à ce jour le seul : Exile on Main Street. Dix-huit titres d'un coup, dont certains secs comme des coups de trique. Des critiques firent la fine bouche, mais les fans souscrivirent aussitôt. Jamais le groupe n'avait produit une musique aux influences si directement américaines. Probablement une retombée de leur long séjour aux Etats-Unis, qui s'était achevé sur le concert satanique d'Altamont.

Ce n’était plus le blues anglais des années 60, c’était une excursion en bleu de travail au pays de la soul et du gospel. On eut du mal à