Il arrive une bière à la main, fatigué par sa journée dans un studio d’enregistrement. Puis vous fait entrer dans le sous-sol d’un immeuble de Londres avec une gouaille qui mélange cockney et patois jamaïcain. Jean déchiré, crâne de boxeur, Plan B, de son vrai nom Ben Drew, 26 ans, n’a pas l’allure des chanteurs soul classique. Pourtant, cet ancien rappeur culmine à la tête des hit-parades anglais depuis un mois avec un album très rhythm and blues qui raconte les malheurs d’un personnage qu’il a inventé, Strickland Banks.
Le revival soul lancé par Raphael Saadiq aux Etats-Unis en 2009 a gagné le cœur des jeunes Anglais, Australiens et étudiants blancs des banlieues américaines. Les chanteurs noirs du genre, comme Maxwell, ont même repris le terme que l'on infligeait dans les années 70 à Joe Coker, pour désigner cette nouvelle tendance : la blue eyed soul, la soul aux yeux bleus. Plan B s'en amuse : «Dites franchement la soul des petits Blancs. J'ai les yeux bleus, j'aime la soul, on dirait bien que j'en fais partie, non ? Il y a de plus en plus de jeunes Blancs qui jouent cette musique black parce que la culture de la classe moyenne anglaise s'est vidée de son sens, la pop a été complètement siphonnée par MTV.»
«Morse». Depuis quelque temps, comme Plan B, d'autres rappeurs se sont mis au chant. Aux Etats-Unis, Mayer Hawthorne, DJ d'un groupe de rap du Michigan qui a partagé l'affiche avec Eminem, vient d'enregistrer un album, A Strange Ar