Le plus bel effet de Stones In Exile, c’est la façon dont il nous projette dans la turbine stonienne des seventies comme s’il s’agissait d’un making-of rétroactif, d’autant plus réaliste, sincère et percutant qu’il provient d’un temps où le making-of n’existait pas et que ses images n’ont pas été tournées dans un esprit promotionnel. Ce sont donc des archives, la plupart inédites, animées d’un désordre, d’une sorte d’anarchie, que le montage de Stephen Kijak ne cherche jamais à neutraliser. On y voit les Stones (Mick Jagger, photo) élaborant leur album Exile on Main Street dans les salons et les caves de la splendide villa Nellcote de Villefranche-sur-Mer, louée par Keith Richards au printemps 1970. Richissimes hippies, adulescents avant que le mot n’existe, les Stones sont ici saisis dans une vérité-vanité hédoniste qui pourra corroborer la légende comme les clichés : les filles, la défonce, la fête et toute la mythologie par laquelle il n’y a pas de honte à être fascinés. Mais on y palpe aussi la drôle de machine musicale à vapeur, bricolée sans ingénieurs mais avec génie, d’où est sorti Stones in Exile, ce collectif complexe qui fonctionne par collision, fusion et vitrification. Le mythe des Rolling Stones a toujours oscillé entre l’essence du rock et le foutage de gueule : Stones in Exile donnera des arguments à ceux qui aimeraient fixer ce pendule, ce qui est une manière d’assurer son perpétuel mouvement… Dommage que l’on ait placé
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«Stones in exile»: tifs, riff et kif sur la côte
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Mick baille, Keith gratte. (Dominique Tarlé / Galerie de l’Instant)
par Olivier Seguret
publié le 10 juin 2010 à 0h00
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