La saison de l'Opéra-Comique s'achève en beauté avec une nouvelle production de Pelléas et Mélisande appelant quelques réserves dans le détail, mais néanmoins réjouissante. Vingt-quatre ans après avoir restauré la partition originelle à l'Opéra de Lyon, Sir John Eliot Gardiner en offre une nouvelle lecture, cette fois sur les instruments d'époque de son propre Orchestre romantique et révolutionnaire, dans la salle Favart où le chef-d'œuvre de Debussy fut créé, en 1902.
Cascades. Le résultat, malgré l'intonation fluctuante des vents, le faux départ d'un pupitre mercredi soir, n'en reste pas moins passionnant, et, par endroits, éblouissant. Allégée par rapport à la version définitive, l'orchestration originelle est d'une efficacité dramatique redoutable, surtout dirigée par Gardiner. Aux antipodes du lent fleuve symphonisant et du flou «impressionniste» déployé par certains, le chef cisèle des lignes nerveuses, des crescendos dynamiques cinglants, des cascades de timbres parfaitement individualisés.
Les chanteurs sont parfois couverts, le discours peut sembler morcelé, mais on est bien là entre rêve et réalité et dans le «théâtre de la cruauté», qui est la vérité musicologique de Pelléas. Associer Stéphane Braunschweig à Gardiner est judicieux, car l'art de l'actuel directeur du théâtre de la Colline consiste également à décanter les œuvres avant de les enchanter de son art. A l'image de son Ring de Wagner à Aix, ce Pelléa