Si Christophe, l'homme de Sur un nuage d'or, sortait un concept album roots, entre Paul Simon Graceland et Ben Harper hawaïen, ce serait un peu Xavier Rudd tel que nous le rend Koonyum Sun. La voix très singulièrement fluette, dans des aigus de tête griots pouvant certes gronder en basses sombres de brousse, y renvoie d'ailleurs aux techniques typiques d'un Sting («le dard»), castrat pop policier de Masoko Tanga.
Dark Shades of Blue le volume précédent de notre ami blondi natif de Torquay, Australie, polyinstrumentiste au long cours (sept albums au compteur depuis 2001 pour ce jeune homme de 33 ans), faisait la part belle au groove gras électrogène, sur slide hendrixienne maison aux distorsions vaudou, en spectaculaire ragoût de racines primitives.
La livraison Rudd du jour, enregistrée dans les mêmes eaux antipodiques (Byron Bay, Koonyum Range), mixée à Portland, Maine, et présentée récemment en concert à Paris et Lille, revient à des variations électro-acoustiques plus légères, sur un registre mbaqanga-dub familier au monsieur, suavement bercé entre polyphonies aux airs zoulous et didgeridoo rasta (didjahridoo ?), guitare et batterie surf telluriques en prime.
Antipodes. Un fleuron choral ovni, à la grâce a cappella épatée d'outre-Afrique fantôme, fend le cœur du disque - dédié en pidjin («Total respect, Dadda») aux deux fistons Rudd, Joaquin et Findjet