Marciac a craqué ! D’autres, avant le bourg gersois pris d’assaut jazzy pendant la première quinzaine d’août, n’y avaient pas résisté. Ses débuts discographiques avaient déjà chamboulé, voici deux ans, le Billboard Contemporary Jazz Chart, dont elle squatta le palmarès durant plus de soixante-dix semaines. Depuis lors, la jeune et ravissante Esperanza Spalding, qui enveloppe de ses bras longilignes son imposante contrebasse dans une gracieuse gestuelle, tout en usant de sa voix affirmée entre chant et scat, n’en finit pas de séduire. Obama et Prince en tête de liste. Qu’elle soit invitée à la cérémonie du Nobel de la paix décerné au premier, ou à la remise des BET Awards récompensant le second. Il est vrai que le slogan de la soirée de lundi, sous un chapiteau marciacais bien rempli, aurait pu être «Jazz we can».
Du haut de ses 26 ans, avec un caractère bien trempé dissimulé sous une allure délicate, la contrebassiste américaine - qui troque volontiers son instrument acoustique pour s’emparer de la basse électrique - a subjugué l’auditoire par sa disposition naturelle à repousser les limites du jazz vers des ailleurs qu’elle relie sans peine en flirtant subtilement avec des éléments soul ou pop. Voire en s’éloignant vers d’autres traditions, comme celles de l’Argentine ou du Brésil.
Polyglottes. En dépit d'un morceau de clôture avant rappel s'étiolant au fil d'un scat sollicité auprès d'un public pas tout à fait rodé à l'exercice, la native de Portland, Oregon