Il fallait en être pour souffler les bougies de la 20e édition «du plus petit des grands festivals», selon son directeur et géniteur, François Floret. La Route du rock de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), de vendredi à dimanche, fut donc battue par une foule dense. Et pavée de belles intentions. La plupart, en dépit d'un ciel apocalyptique, tenues.
A condition d’oublier les lapins posés (DM Stith). De zapper quelques déceptions (We Have Band, Liars). De repousser les nappes néopsychédéliques un poil lourdingues (Black Angels). D’attendre, dans la nuit de dimanche à lundi, les gros cubes (The Flaming Lips, The National). Et de se concentrer sur des moments forts.
L’abrasion Massive Attack
Le collectif de Bristol n'a pas failli dans son rôle de locomotive de billetterie (plus de 10 000 personnes à leur concert), ni douché les espoirs artistiques placés en lui. Avec un son forcément puissant, mais toujours au cordeau, et une scénographie mi-politique mi-existentialiste (en fond de scène, des messages rédigés en français défilent pour épingler en vrac BP, les ventes d'armes au Sud…), Robert Del Naja, alias 3D, et son complice Daddy G, ravis d'être là (ça s'est vu et entendu), ont livré un set ébouriffant de puissance et de conviction, sec comme une trique. La force de cette formation réside aussi dans la variation des chants, entre les trémolos du Jamaïcain Horace Andy, véritable ADN du groupe, et la finesse éclatante du timbre de Martina Topley-Bir