«Si seulement on avait donné au folklore argentin la même chance qu'au tango…», soupire Chango Spasiuk, un soir de juillet dans un village de la Vienne. Le concert, gratuit, qui réunissait Spasiuk et l'accordéoniste malgache Regis Gizavo, avait attiré à Rancé 800 spectateurs séduits par la subtilité chargée d'émotion de l'accordéon de Chango, par les rythmes asymétriques du chamamé, la musique des bals populaires du nord de l'Argentine. Cette année, Spasiuk, barbe et cheveux longs de rockeur, s'est produit à New York (article dithyrambique le lendemain dans le New York Times), a tourné en Angleterre, en Pologne, en Allemagne.
A chaque étape, il lui faut expliquer qu’à côté du tango, il y a beaucoup d’autres musiques en Argentine, où chaque région cultive son style. C’est cette diversité que propose de découvrir le festival d’Ile-de-France, dimanche, avec Chango Spasiuk et un superbe plateau d’artistes de tout le pays.
Maté. Début juin, Chango Spasiuk nous recevait à Buenos Aires, dans un restaurant de spécialités du nord du pays. Au menu, le locro, plantureux cassoulet (maïs, haricots secs, potiron, viande de porc) idéal pour combattre les rigueurs de l'hiver austral. Le chamamé, explique le musicien, s'est développé dans les provinces de Misiones, où il est né, et de Corrientes, parmi les immigrés européens (lui-même est descendant d'Ukrainiens) installés dans cette région proche du Paraguay. D'où le fait que le chamamé