Grâce préraphaélite, voix diaphane et yeux de phalène, le chanteur athée revendiquéde Caravane parle «vanités» aux Abbesses, son quartier de rêve, vendredi dernier. Entre K. Dick et Dostoïevski, tartare et pétanque en gants blancs passage de la Sorcière, notre raffiné Slavo-Argentin hyperesthétique ne souffre pas la violence, y compris sur les insectes, bien que procorrida. Un café sur une gueule de bois le «vrille». L'angoisse en lisière. Sur fond de morbidesse vivace, il est d'ailleurs question de Brummel échoué à Calais. De dandy aujourd'hui, qui, sauf Ferry ? Raphaël ?
L’album sonne Bashung de l’au-delà…
Le jour ou Bashung est mort je faisais des photos de Dani [la chanteuse, ndlr], je ne savais pas qu'Alain était si malade, on regardait Paris du haut de Montmartre, le temps était orageux, on voyait passer les ondéees comme des cavaliers, il y a eu une trouée lumineuse dans le ciel et j'ai dit : «Il y a un type qu'on embarque ou qu'on ramène», cinq minutes après, la télé me demandait de réagir à la mort de Bashung… Je connaissais Bashung depuis deux ans. A Pleyel, on chantait Chanson pour Patrick Dewaere, je l'entendais désarticuler mon texte, en quelque chose de violent, d'excitant, comme une révélation, quelque chose qu'on n'oublie jamais, comme si j'avais compris comment raconter une histoire, la découverte de la parole. Quelque chose de lui plane sur ce disque. Je voulais me rapprocher de sa radicalité ; pas forcément son écriture ou le son