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Libération
Portrait

Areski, supersonique

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Le brillant compositeur, comparse des débuts d’Higelin et compagnon de Brigitte Fontaine, ne cesse de chercher.
Areski à Paris, en 2010. (Richard Dumas/Vu pour Libération)
publié le 25 octobre 2010 à 0h00
(mis à jour le 26 octobre 2010 à 13h22)

Il dit «Ouais» avec la même voix qu’en 1973, quand il chantait C’est normal, en duo avec sa femme Brigitte Fontaine, tube intersidéral récemment plébiscité par les enfants de 20 ans : «Les matières qui ont servi à la construction de cet immeuble sont très fragiles. Tu comprends ? - Oui. - C’est normal parce que de toute façon, il n’y a que des familles d’ouvriers et des étrangers et quelques improductifs. - Oui. - Alors le feu s’empare très facilement des matières. - Ouais. - Ça se propage. Nous sommes donc en présence d’un incendie. - Aaaah, un incendie. - C’est normal.»

Il dit «Ouais» avec cette même intonation ancienne, comme s’il venait de découvrir son propre acquiescement par surprise, tel un paquet de clopes qu’on croyait égaré et qu’on retrouve. Il répète aussi «On fait pas d’efforts» de son air de dilettante hyperstructuré. A 70 ans (qui en paraissent 60), Areski Belkacem cherche toujours : «Le travail, ce n’est pas laborieux. Travailler, c’est éclaircir. Pour mon nouvel album [le second en quarante ans, ndlr], je ne comprenais pas plus que ça ce que je faisais, il a fallu travailler, par session de trois ou quatre jours, jusqu’à trouver une ambiance dans laquelle on se sente bien. Il faut aussi qu’on comprenne tout de suite, c’est pour ça que, généralement, j’empile les couches sonores, puis ensuite, je déblaye.»

Au journal, le chef était venu nous voir, dubitatif : «Le portrait d'Areski, ça t'intéresse, ou t'étais