Depuis sa disparition, le 14 mars 2009, Alain Bashung a suscité nombre de livres, nouveaux ou réactualisés, signés Pierre Mikaïloff, Philippe Margotin, Patrick Amine, Laurent Lavige ou encore Marc Besse. Des ouvrages qui, à travers des interviews du chanteur et des témoignages de ses proches, brossent le portrait de l'artiste éminent du rock français, le plus consistant et novateur depuis Serge Gainsbourg. Bashung l'Imprudent - que viennent de publier Bruno Lesprit et Olivier Nuc, respectivement journalistes au Monde et au Figaro -ne vaut pas moins le détour.
La tentation doit être grande, lorsque l'on s'attaque à l'auteur d'albums comme Play Blessures et Fantaisie Militaire, de lui ériger une statue de commandeur, de déployer sa vie comme une épopée psychologique, avant le sacre final. D'emblée, Bruno Lesprit et Olivier Nuc, imposent une construction rhapsodique, une urgence rythmique, et donnent l'impression de tutoyer autant Bashung que le lecteur. Les éléments biographiques sont livrés en flash-back, car c'est la musique qui est prétexte à évoquer la vie et non l'inverse.
L’autre parti pris, qui force le respect, est celui de décrire Alain Bashung à hauteur d’homme, d’évaluer son œuvre sans complaisance, dans la tradition sceptique, voire nihiliste, d’une certaine critique rock française. Lesprit et Nuc ne font pas du Lester Bangs, mais qu’il s’agisse d’évoquer ses disques, sa personne ou son entourage, ils ne prennent pas de pi