Où veux-tu qu'je r'garde? La question, titre de la chanson qui donne son nom au premier album de Noir désir (1987), est reprise par Emily Loizeau sur le dernier album de Nouvelle Vague. Au moment même intervient l'annonce officielle de la fin du groupe par les voix de Serge Teyssot-Gay et Denis Barthe, respectivement guitariste et batteur de la formation.
Dans la chanson, il y va de l'impossibilité de se détourner de celle qui occupe tout l'espace: «Y a que toi là». La question énonce peut-être maintenant une difficulté inverse. J'ai quant à moi du mal à ne pas trouver la scène désertée. N'y avait-il pas qu'eux là? Là où un corps d'énergie brute et un lyrisme flamboyant peuvent se boucler en un langage. Là où la radicalité, aussi bien esthétique que politique, refuse de jamais tourner à la caricature. Là où il se prouve que la langue française n'est pas condamnée à tuer le rock, pas plus qu'elle n'a inversement à le craindre. Là où le pogo et la poésie peuvent s'appartenir. Là où une déferlante de vie n'est jamais bien loin de la mort.
Il y a là aussi, bien sûr, des moments de naïveté, et quelques lourdeurs, que tout le reste rend cependant insignifiants, et qui fait que l'on passe. Il y a là, ce qui est bien autre chose, les drames que l'on sait. Les bien-pensants font ce qu'ils savent faire: juger. D'autres préfèrent ne rien dire. Ce qui ne signifie pas nécessairement taire les