Il est un drame dans la vie de musicien que l'on aborde rarement : que faire de la concubine délaissée pendant les tribulations de la rock star en tournée ? Jesse Kivel a trouvé la réponse : il a monté un groupe pour sa copine. Guitariste au sein de Princeton, un groupe californien d'acabit afro-beat, Kivel traverse l'Amérique laissant derrière lui Zinzi Edmundson, amoureuse esseulée. Il décide alors de l'enrôler dans un projet chillwave et d'écumer les métropoles main dans la main.
Problème : la Zinzi en question bloque côté technique. «Elle n'avait jamais fait de musique avant, confesse un Kivel gêné. Du coup, je lui ai appris à jouer du clavier, et elle s'est occupée de l'esthétique du groupe et de l'album. Je la vois tout le temps, c'est beaucoup plus cool qu'un projet solo, et puis comme ça il n'y a pas de jalousie avec mon autre groupe.»
Malgré des auspices bancals, Kisses dessine les contours d'une fin de soirée idyllique : le duo d'épris donne dans la beach house technicolor, un peu à la manière d'un Delorean en mal de grand air. Les synthés années 80 scintillent et confortent le charme désuet des mélodies, tandis que Kivel se fait crooner éperdu. «J'essaie de produire un genre de pop dansante et mélancolique à la fois, qu'on écouterait en sortant de boîte au petit matin, quand le soleil se lève.»
La pop de Kisses s'installe aussi bien dans les hauteurs d'un Beverly Hills propret circa 1982, que dans la langueur d'un Ibiza sépia. On y