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CRITIQUE

Accro aux Crocodiles

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Rock. Mantras «stoned», éloge du néant et du dérèglement des sens poétique français… Un duo néo-psyché californien à suivre.
(DR)
par BAYON
publié le 12 janvier 2011 à 0h00
(mis à jour le 13 janvier 2011 à 13h16)

Tout commence dans la tombe, béante ; devant, six enfants. Des préados mélés, qui à capuche, qui coiffé au casque, deux filles, deux Noirs. Un glissement sonore comme spatiotemporel, et Mirrors (ce que scrutent, en abyme, les gamins ? leur reflet en vanité ?), en paliers rythmiques de compression, en tension, s'installe, bords de caisse, basse hypnose, rythmique lancinante, voix en défonce. Les spectres dansent : de Cure (A Forest), Suicide (sur Stoned to Death) et (donc) Stone Roses, grimaçant et dansant le baggy groove revu et corrigé Black Rebel Motorcycle Club. La différence se fait aux abois : en pleine course aveugle, des jappements ponctuent le laminage rythmique. L'horizon, à ce stade préalable, est assez nettement l'abrutissoir. Comme le poète d'Abyssinie peut dire : «Le meilleur c'est un sommeil bien ivre sur la grève».

Buvards. D'ailleurs, tandis que l'ouverture de bravoure s'accomplit en rumeur chromée et reflux sonique, on découvre une (autre) plage, du bout du monde (postnucléaire ?), en livret. Sous solarisation livide, comatogène, la plage 2 qui se présente cependant s'appelle explicitement «Camé à mort», ce qui fait tout un programme en manifeste esthétique.

Psychédélisme et nasillements, orgues électroniques antédiluviens (moins présents que sur le coup d'essai 2008, Summer of Hate, dans le même bon esprit que le «Toute ma haine et mes envoûtements te visent» d'envoi du jour, font