Femme en colère, contrebassiste totale, vocaliste aussi, Joëlle Léandre est une figure de proue du jazz contemporain et de la musique improvisée européenne. Depuis quarante ans, elle explore sans relâche les arcanes du hors-piste, passant d’un univers à l’autre. Avec humanité et goût du risque.
Poésie. La pasionaria flirtant dorénavant avec la soixantaine, le festival Sons d'hiver (lire ci-dessous) pose, à l'occasion de son ouverture, les premiers jalons de l'événement, les «Soixante flammes de Joëlle Léandre», un hommage en autant de concerts à l'éclectique carrière de la dame, qui se prolongera jusqu'en 2013.
Toujours sur la brèche, mue par un amour immodéré de la rencontre, rien ne l’arrête. Ni les dix-sept heures à rester assise dans un train, avant de retrouver un trompettiste venu de Vancouver, ou un guitariste qui, lui, a fait le déplacement depuis Londres pour faire un gig ou deux dans un village autrichien. Ni, pas plus tard que la semaine dernière, les quelque vingt-deux heures de trajet pour rejoindre un festival de poésie à Milan avec Nanni Balestrini, écrivain de la Neovanguardia italienne, mouvement littéraire des années 60. Sa contrebasse toujours sous le bras, Joëlle Léandre a franchi la frontière pour quarante minutes de poésie sonore, un autre de ses dadas.
Le verbe habité, timbre modulable entre zéphyr et coup de tonnerre, elle explique : «On est dans des tribus, dans un souffle de vie, on s'inscrit dans une sorte de cartographie artistiq