Tandis que le punk est définitivement mis en bière à la Villa Médicis dans l'exposition «Europunk» consacrée à sa culture visuelle, Cheveu réanime le cadavre avec son garage low-fi dégénéré. Un son revêche bricolé avec des vieilleries eighties : Casio vintage, guitare blues et micro branché sur la pédale d'effets, des morceaux tiraillés entre riffs mélodiques, martèlements binaires et crasseux des machines et distorsions de gosiers du chanteur. Rejeton improbable de Métal urbain ou de Suicide qui aurait forniqué avec Bob Log III, l'homme-orchestre casqué de Tucson, Cheveu poursuit ses expérimentations à rebrousse-poil, entre Far West et terre sainte, dans l'inouï Mille, qui sort aujourd'hui.
Après une poignée de 45 tours faits maison, des tournées épiques aux Etats-Unis, le trio parisien accouche, en 2008, d'un premier album adoubé par la critique et ce en dépit (ou grâce à) une musique inqualifiable, un nom idiot et une pochette cheap représentant une main tenant un poil, sur fond bleu layette. Plus qu'un logo, ce visuel pixelisé, qui illustre plusieurs de leurs disques, fait office de manifeste, hommage au Casio, à l'Amiga, au do it yourself, assorti d'un côté branleur revendiqué. «On l'a trouvé sur un site de blagues marseillaises, en tapant "cheveu" dans Google Images. On voulait le décliner encore pour notre nouvel album, en 3D cette fois», commentent les compères rencontrés dans leur tanière de Mains-d'œuvres à Saint