Prenez des jeunes scratcheurs canadiens et un vieux saxophoniste japonais. Des flibustiers du post-punk hollandais et des aventuriers du rare groove anglais. Un chantre de la tradition bretonne et un quartette à cordes contemporain. Un DJ américain et un compositeur argentin. Un big band de jazz classique et un trio transartistique. Quel bazar et pourtant, ils ont tous un point commun : le tropisme éthiopique. Soit l'amour de cet âge d'or de la musique éthiopienne, lancé dans les années 60, brutalement interrompu en 1974 par le coup d'Etat militaire à Addis-Abeba, qui remit au pas cette jeunesse dévoyée aux sons de l'Occident hippy et groovy.
Quarante ans plus tard, la Cité de la musique parisienne met à l'honneur les héritiers de cette génération fertile (1) qui n'étaient évidemment pas nés quand la capitale éthiopienne swinguait funky, psyché, free et sans complexes. Tous ont eu la révélation à l'écoute de cette révolution de la tradition. Rétrofuturiste ? Tradi-moderne ? Impossible de coller un nom à cette lame de fond. Emprunts et citations, hommages et inspiration, on entend tout et son contraire. «Du noisy au jazzy, de l'electronica et du punk, de la musique contemporaine à la musique du monde, les couleurs des reprises sont extrêmement variées. Pas un instant je n'ai pensé que mon boulot pouvait déboucher sur des pratiques musicales tous azimuts», s'amuse le producteur français Francis Falceto, le vrai détonateur de cette explosion de sons en tout gen