Ils reçoivent dans un appartement qui leur sert de quartier général (ils ne dorment pas là), au premier étage d’une brasserie dont le chic d’époque et la branchitude désinvolte, en plein quartier populaire de la capitale, doivent donner le sentiment aux membres de la jet-set mondiale qui traînent ici comme chez eux (l’endroit appartient au gang d’André Saraiva, également propriétaire du Baron, de Moune, etc.) de s’encanailler pour de vrai dans un Paris de décor. Il fait beau, et assis côte à côte derrière une grande table en bois clair, Alison Mosshart et Jamie Hince, « pas bien réveillés » admettent-ils, sirotent de grands godets de café tout en griffonnant chacun dans son carnet de notes (une vieille habitude). L’un écrit quand l’autre parle, et inversement, mais de manière distraite, légère, surtout pas indélicate. Leurs téléphones sonneront même, ils ne répondront pas. Ils sont vraiment là.
D'un groupe de rock ultrasexy avec nervures de guitare blues et drum-machine, les Kills sont devenus, sur leur quatrième album à paraître, Blood Pressures, une entreprise diablement rythmique, aiguisée, qui a pris de l'ampleur sonique (basse, mellotron, piano, quelques cordes, des percussions africaines), sans rien renier de sa fureur. On pénètre dans un coton au goût de cendres, dans une barbe à papa punk fin de nuit - avec The Last Goodbye par exemple, et sa douceur douloureuse.
Alison Mosshart (la bombe brune à frange et jambes-girafe) et Jamie Hince (le guitariste