Elle a juste 21 ans, sort cette semaine son premier album, et ça n’a pas l’air de la perturber plus que ça. Selah Sue est sereine, posée comme une poupée de porcelaine dans les dorures d’un ancien pavillon de chasse Napoléon III qui abrite sa maison de disques. Elle enchaîne les entretiens.
Tout le monde la veut. Prince l'a réclamée pour sa première partie d'un concert en Belgique à l'automne. Séduit par sa voix grave capable de monter dans les aigus, le chanteur soul Cee Lo Green (ex Gnarls Barkley) a participé au disque de cette inconnue et l'a invitée sur le sien. La bassiste Meshell Ndegeocello l'accompagne même sur un somptueux Mommy…
Pourtant, il y a encore trois ans, cette jeune Flamande aux allures de Valkyrie, aurait été incapable de dire un mot sur elle: «De 14 ans à 19 ans, raconte-t-elle, je suis passée entre les mains de beaucoup de psys. J'étais socialement phobique, prise de crises de panique, j'avais peur des gens, je ne pouvais pas les regarder dans les yeux. Mais il paraît que quand on a peur de quelque chose, il faut y faire face.»
Son album, entre ballades soul et gros raggamuffin, raconte ses craintes irrationnelles, sa confrontation avec l'industrie du disque, sa passion pour les sound systems qu'elle illustre dans Raggamuffin, ou Crazy Sufferin Style, arrangé par le producteur allemand Farhot qui travaille avec Nneka.
Selah Sue est d'ailleurs la chanteuse d'un étonnant groupe de dubstep, Addict