La vie de Brassens pourrait faire un biopic épatant. Joann Sfar, qui jouait déjà le rôle du chanteur moustachu dans son film Gainsbourg (Vie héroïque), a fait les dessins pour l'exposition montée par Clémentine Deroudille, à la Cité de la musique, à Paris. On entre dans une forêt : des silhouettes d'arbres, de l'écorce projetée sur du tulle, des troncs. Christian Marti, qui travaillait déjà sur Gainsbourg, signe le décor. Auprès de ces arbres, les portraits d'avant-guerre montrent Brassens en beau gosse, un peu voyou. La première fois qu'on parle du jeune Georges dans le journal, c'est comme d'un «mauvais garnement» dans une bande de sauvageons sétois.
Phrasé. Joann Sfar voulait montrer «le côté dyonisiaque et païen» de Brassens, et Clémentine Deroudille voulait «dépoussiérer son image vieux pull». Il y a les photos qu'on connaît, celles des cols roulés et des chats, et celle célébrissime avec Brel et Ferré. On découvre aussi quantité de documents inédits. Brassens qui filme ses parents à Sète, Brassens et ses copains au STO, Brassens caché dans un Paris à la Emmanuel Bove, Brassens lisant le Monde libertaire. Les archives sonores sont installées sur des batteries de téléphones seventies. C'est sa voix qu'on entend : il explique son antimilitarisme, son scepticisme quant à l'art engagé, l'erreur des solutions collectives, le danger des slogans… Avec un côté Abécédaire de Gilles Deleuze. U