On peut encore voir l'effroi dans ses yeux quand elle évoque les heures interminables vécues dans l'attente de nouvelles de ses enfants restés à Tokyo, tous deux à l'école au moment du séisme. Expatriée au Japon depuis six mois par envie, après avoir séjourné aussi à Madrid pour une meilleure qualité de vie qu'à Paris, la chanteuse Laïka était à Istanbul, en concert pour la sortie de son album Nebula - produit par Meshell Ndegeocello - au moment du drame.
Rencontre. «Quand je chante, je ne pense plus à rien. Etre sur scène me permet d'oublier, du moins momentanément. Mais l'horreur, c'est tout ce qu'il y a avant et après.» Soulagée d'avoir enfin ses enfants auprès d'elle, Laïka s'interroge : «On a tout laissé, mais je ne peux risquer d'y retourner pour l'instant.» Aux angoisses de cette vie brutalement déplacée qui génère tant de questions sans réponses viennent s'ajouter d'autres inconnues.
Au studio Campus, près de Bastille, Laïka peaufine les répétitions avec les musiciens. Tous différents de ceux de l'album. C'est une première rencontre, sous la direction artistique du tromboniste Craig Harris, autour duquel gravitent Robert Irving III au piano, El Indio à la trompette, Jaribu Shahid à la basse et l'épatant batteur Hamid Drake. «Si ces temps-ci, tout est incertitude, je me sens en confiance avec ces musiciens, qui sont aussi humainement très présents», souligne cette anti-Betty Boop du jazz vocal. Elle qui se qualifie