Les tragédies du XXe siècle fascinent. Dans la confusion postmoderne, elles apparaissent comme la dernière fois où le bien et le mal se distinguent clairement. Souvent, cette attirance aveugle.
Ce fut le cas lundi soir à l'Opéra Bastille, où Bruno Mantovani donnait la première d'Akhmatova, d'après la vie de la grande poétesse russe victime de la répression stalinienne.
En soi, Akhmatova est pourtant une bonne nouvelle : l'écriture d'opéra, boudée pendant des décennies (Boulez, notamment, n'en a pas écrit), attire à nouveau. Y compris pour parler (et chanter) «politique». Mantovani s'y était déjà essayé en 2006 à Strasbourg ; il y était déjà question des guerres du XXe siècle.
Caricature. A 37 ans, passé par l'Ircam, joué par Boulez, sollicité par les festivals et, depuis l'été dernier, directeur du Conservatoire national de Paris, c'est la nouvelle coqueluche de la musique contemporaine. Pour son deuxième opéra, il voulait aborder «la position du créateur face à la terreur politique, explique-t-il dans le dossier de presse. Création et politique […]. C'est un sujet qui m'obsède». Il désirait aussi que le personnage central soit une femme. Anna Akhmatova correspondait en somme au profil.
Mais c'est là que la caricature commence : au lieu d'entrer dans les contradictions du XXe siècle, d'aller jusqu'au cœur obscur de sa violence, Mantovani et son metteur en scène Nicolas Joël (qui est aussi le di