Voilà un disque bien nommé : Space Is Only Noise, soit «l'espace n'est que bruit», ou «le monde n'est que son». Une façon de contredire d'office l'impression d'apesanteur taiseuse laissée par le premier album de Nicolas Jaar, où le temps se distend comme si l'on revivait une soirée de clubbing façon Inception. L'Américain n'aime pas le silence et le dit en préambule. De fait, il n'y a aucun moment sans son dans ce disque, où chaque interstice est occupé par des écoulements aquatiques, des micropulsations fantômes, des paroles à l'agencement amusé , dont la belle voix de Tristan Tzara récitant son poème dada Pour comptes. Le plus impressionnant, peut-être, est que l'auteur de cet album d'une profonde densité n'a que 21 ans. Une précocité à laquelle le rock est habitué, mais pas la musique électronique posée.
Chamboulé. Né à New York, Nicolas Jaar est le fils d'Alfredo Jaar, photographe, artiste et réalisateur reconnu qui se balade depuis toujours entre le Chili et les Etats-Unis. Le fiston a suivi un temps, passant une partie de ses dix premières années à Santiago, où il fait son apprentissage musical au piano. La découverte de l'élément électronique survient à 14 ans via un disque du DJ canadien Tiga… Alerté de ces amours naissantes, papa Jaar débarque dans un magasin de disques de la capitale chilienne, d'où il ressort avec ce qui pouvait tomber de mieux dans les oreilles de son ado curieux : le Thé au harem d'Archimède, d