Francesco Tristano, 30 ans, est loin d'être un inconnu. Formé à la Juilliard School de New York, aux conservatoires du Luxembourg, de Bruxelles et de Paris, lauréat du concours d'Orléans en 2004, il poursuit une double carrière de pianiste classique et de musicien techno. Après avoir enregistré Frescobaldi, Haydn, Ravel, Prokofiev, Stravinski et Berio d'une part, et Not For Piano qui comprend des reprises de Derrick May, Jeff Mills et Autechre, ou encore Idiosynkrasia, dévolu à ses propres compositions électroniques, il a publié en mars son premier CD, croisant des œuvres de Bach et de John Cage.
Un choix audacieux que celui de confronter le compositeur qui a hissé l'art de la polyphonie à des sommets de sophistication inouïs, et l'inventeur au XXe siècle de la musique aléatoire, l'apôtre du son pur et du hasard. L'écoute isolée de la Partita n°1 de Bach par Tristano a de quoi perturber : le jeu ultra-staccato, l'égalité des attaques et la précision millimétrique du contrepoint trahissent, pour le meilleur, l'émule de Rosalyn Tureck, tandis que la prise de son neutralise espace, résonance et couleurs.
Affreux ? Non, si l'on écoute ce disque comme un voyage conceptuel. Car à ce Bach aride et mécanique, succèdent des pièces de Cage pour piano (In a Landscape, The Seasons) qui sonnent comme de fabuleuses épiphanies du timbre et de sa libération dans l'espace acoustique. Dans un premier temps, on se souvient du fait que Cage fut fasci