On le croyait éternel. Peu importaient son état de santé, ses excès d’alcool et de drogue, le pianiste-poète Gil Scott-Heron montait toujours sur scène. Il n’y avait que la prison, ou une interdiction de sortie de territoire, pour l’en empêcher - comme en juin 2009 pour un concert prévu au New Morning, à Paris.
Ce bluesman précurseur du spoken word, «père du rap» comme le résument beaucoup de façon simpliste, s'est éteint vendredi dans un hôpital de New York à 62 ans. Les circonstances du décès ne sont pas encore connues, mais ses proches le savaient exténué après un voyage en Europe, souffrant d'arthrite, abîmé par des années de taule entre fin 2001 et 2008 au fil de peines cumulées pour consommation de stupéfiants et violences conjugales.
«Humanité». «Gil n'était pas parfait dans sa vie privée, comme beaucoup d'entre nous, écrivait hier sur son blog Richard Russell, producteur de son dernier album, I'm New Here. Il avait une intelligence vive et un sens de la formule imparable, un incroyable sens de l'humour, et une humanité qui lui étaient propres.» Cet Anglais du label XL Recordings est l'artisan du grand retour de Gil Scott-Heron en février 2010, après quinze années sans enregistrement studio du soul man éclipsé.
Lors de son dernier concert au New Morning, le 10 mai 2010, Gil Scott-Heron s'en amusait, disant qu'il avait voulu disparaître : «Pouf, comme quand tu dois de l'argent à quelqu'un, ou que tu as piqué la femm