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Critique

Bio. Piazzolla, d’ombres et d’audaces

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publié le 11 juin 2011 à 0h00

Aujourd'hui enseigné dans les conservatoires et admis au répertoire de prestigieuses formations classiques, Astor Piazzolla a aussi composé des tubes matraqués par les radios, comme le Libertango de Grace Jones pour citer le plus célèbre. Quel autre compositeur a connu pareil honneur ? Tel qu'il apparaît dans la biographie que lui consacre Emmanuelle Honorin, Piazzolla (1921-1992) est l'homme de toutes les audaces. Et ce depuis l'enfance. A 14 ans, à New York, il se glisse par la fenêtre de la chambre d'hôtel où dort Carlos Gardel, son idole. Et lui lance : «Je suis argentin, je joue du bandonéon et ma mère vous invite à la maison manger des raviolis.» Recueillis en Argentine comme en Europe, les témoignages de dizaines de proches dessinent un portrait subtil et nuancé. Tout au long d'une vie faite d'allers et retours entre Buenos Aires, New York et Paris, il se heurtera à l'incompréhension dans sa tentative de rénover le tango et d'étendre son territoire, et ne connaîtra le confort matériel qu'à la cinquantaine, grâce à son travail pour le cinéma.

L’homme a aussi ses côtés sombres. La question délicate de son soutien à la dictature militaire (1976-1983) est, documents à l’appui, ramenée à de justes proportions : des déclarations détestables à un magazine people par une grande gueule imprudente et, pour le reste, apolitique. Joliment écrit, l’ouvrage a un autre mérite : proposer une discographie fouillée, outil de référence pour s’y retrouver dans une produc