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Libération
portrait

Ses notes salées

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Randy Newman. A 67 ans, le jazzman californien aux chansons caustiques se désole de la bêtasserie sentimentale ambiante.
par Bruno Pfeiffer
publié le 13 juin 2011 à 0h00

Randall Stuart Newman reçoit comme le milliardaire sur son yacht : chemise à carreaux bleus ample sur le jean, sourire en coin appuyé, poignée de main exagérément chaleureuse. A la place de l'océan, une vue panoramique sur Paris, depuis la suite du huitième étage de l'hôtel de Sers. Il ne lui manque que le cigare pour faire impresario hollywoodien. La carrure trapue, le visage carré évoquent Michael Caine. L'aplomb du Californien n'a rien à envier à celui de l'acteur de base des nombreuses séries télé dont il a composé le générique. Visiblement dans son élément, Lonely at t he Top (Dans sa tour d'ivoire), selon un de ses succès. Depuis les années 80, l'auteur de Short People, ajoute une nouvelle corde à son arc. Le voilà aussi auteur de bandes originales de films. Reconversion réussie et soulignée par deux oscars.

Comme parfois les myopes, derrière ses grosses lunettes, le mélodiste s'exprime les yeux fermés. Il se compare au compositeur américain George Gershwin, son modèle («Si j'avais travaillé davantage, j'aurais pu l'égaler.») Il veut qu'on le reconnaisse comme auteur de chansons «qui sortent de l'ordinaire». D'historiettes.

L'enregistrement du deuxième volume du songbook, servi par une voix nasillarde, qui s'adapte à merveille aux propos laconiques du pince-sans-rire, poursuit l'idéal originel : «Composer des chansons hors norme, moins évidentes que le nez au milieu de la figure. Choquer ne m'a pas perturbé.» Coup réu