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Libération
Le portrait

Paco Ibáñez, irrécupérable

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A 76 ans, le chanteur espagnol libertaire retrouve une raison d’espérer avec le mouvement des Indignés.
publié le 13 juillet 2011 à 0h00

On n’a pas toujours étudié la poésie érudite de Shakira en cours d’espagnol. Jadis, les profs plaçaient sur l’électrophone mono une galette noire de Paco Ibáñez et distribuaient les polycopiés. De sa voix austère qu’accompagnait une guitare et, parfois, une contrebasse, le chanteur exilé empruntait les mots des poètes de la langue espagnole, ceux de la Péninsule ou des Amériques, les voix d’hier ou celles du combat antifranquiste. De MJC en salle des fêtes, le public accourait assister à cette grand-messe littéraire et militante. Aujourd’hui, les chansons de Paco Ibáñez ne se sont pas démodées : elles ont été pour certaines écrites il y a cinq siècles.

Assis dans un fauteuil, sur la terrasse de son appartement barcelonais, Paco Ibáñez domine la ville où il est revenu s'installer en 1994. Sur une table basse sont posés un recueil de partitions de Brassens, un autre de Brel. Au milieu des pots de fleurs, en chemise blanche, la guitare à portée de main, il se ressert inlassablement du café. «J'avais passé ici les premières années de ma vie, au milieu des bombardements de la guerre civile, mais je ne m'en souviens pas. En 1967, je suis revenu y vivre, pendant quatre ans, jusqu'à ce que je devienne indésirable. Je me souviens d'une ville grise, où tout semblait congelé, l'ambiance, les sourires.»

Fils d'un ébéniste anarchiste, Paco Ibáñez a grandi entre Pays basque et Roussillon. A 18 ans, il débarque à Paris. «Nous avons vécu à Pigalle, puis à Franconville et enfin à Aub