La première fois qu'il a joué aux Francofolies de La Rochelle en 2008, Mokaiesh ne portait aucun prénom. De fait, au bas de son acte de naissance artistique, le paraphe ne stipulait que son patronyme qui, un rien impudent, correspondait également au nom de son groupe de l'époque. Coup d'essai, pas de maître, Mokaiesh recueille quelques suffrages, et autant de quolibets : «Oscillant entre chanson et rock, le projet était peut-être compliqué à identifier, analyse a posteriori le chanteur. Le fantôme de Noir Désir planait et la comparaison était difficile à assumer. Certains doutaient de ma personnalité, de ma sincérité.»
Pourtant, Cyril Mokaiesh n'est manifestement pas un garçon qui fait les choses à moitié. Fils d'un avocat d'origine libanaise, il s'investit d'abord corps et bien dans le tennis. Jusqu'à décrocher, au prix des mille et un sacrifices indispensables, un titre de champion de France junior. La route est encore longue, mais se profile une carrière pro quand, trois mois après, il décide de tout plaquer. Consternation de l'entourage familial, incrédulité des entraîneurs («laissez-le faire, dans un mois ou deux il reviendra»), celui à qui on a inculqué qu'il fallait «faire abstraction des états d'âme, véritable poison pour la performance», a pourtant trouvé sa voie dans la musique. Cyril Mokaiesh plonge tête baissée. La vingtaine fougueuse, l'admirateur de Ferré couche ses pensées, ses humeurs, assume une certaine «naïveté utopiq