C'est dommage que la critique soit morte. Par exemple, il y a deux ans, le rappeur Orelsan se faisait mordre par la gauche pour sa chanson Sale pute, alors qu'il suffisait de l'écouter une fois pour comprendre qu'elle dénonçait le machisme. En revanche, votre fille de 12 ans écoute depuis avril un manifeste pro-vie, et cela n'a l'air de déranger personne. Ni la chaîne NRJ12, ni Skyrock, qui le diffusent en boucle.
La chanson en question, c'est Aurélie, tube dancehall de Colonel Reyel, jeune étoile des charts français.
Les paroles d'Aurélie passent pourtant difficilement inaperçues : «Aurélie n'a que 16 ans/ et elle attend un enfant/ Ses amies et ses parents lui conseillent l'avortement/ Elle n'est pas d'accord, elle voit les choses autrement/ Elle dit qu'elle se sent prête pour qu'on l'appelle "maman".»
Jusque-là, tout va bien. Aurélie a bien le droit de ne pas avorter et d'emmerder ses parents. C'est même, semble-t-il, une tendance sociologique lourde. A quoi rêvent les jeunes filles de 2011 ? A être mère au foyer. Aurélie est donc le reflet de ce nouvel ordre moral français.
Mais le père du mioche prend ses jambes à son cou, les parents d'Aurélie la foutent dehors. Elle décide d'élever seule son bébé. Moralité : «Mettre un enfant au monde ne devrait pas être puni/ C'est la plus belle chose qui soit et si tu le nies/ C'est que tu n'as rien compris»