Les liens particuliers que la France a tissés avec le jazz remontent aux premières heures de cette musique ; aux compositeurs Claude Debussy, Maurice Ravel ou Erik Satie qui ont trouvé dans ce genre nouveau une source d’inspiration fertile, au triomphe de Joséphine Baker et Sidney Bechet à Paris dans les années 1920 et puis, au milieu des années 1930, à la création du Quintette du Hot Club de France avec Django Reinhardt et Stéphane Grappelli. La Libération a vibré au son des orchestres swing de l’armée américaine, alors que le be-bop était déjà en marche, et certains de ses plus grands représentants sont venus trouver chez nous un refuge salutaire (Don Byas, Bud Powell, Kenny Clarke…) et ont ainsi favorisé les échanges avec des musiciens français qui n’ont pas tardé à s’emparer de ce nouveau langage. La France a aussi été une terre d’accueil privilégiée pour de nombreux hérauts du free-jazz et, grâce à la diversité de sa société, elle a donné au jazz-fusion quelques-uns de ses meilleurs instrumentistes. Depuis, le jazz y a connu un essor qui ne s’est jamais démenti, avec ses courants, ses influences, sa marginalisation puis ses soutiens, ses hauts, ses bas…
Aujourd’hui, cette musique traverse une crise profonde. Nous sommes bel et bien à la croisée des chemins et c’est à nous (musiciens, fédérations, associations, écoles, producteurs, journalistes…) de prendre la mesure des enjeux et d’engager le débat qui s’impose. En effet, les musiciens de jazz sont dix fois plus nombreux