Silence sur le voilier immobilisé en mer Noire, entre Odessa et la côte ouest de l'île de Crimée, en Ukraine. Le bruit des vagues qui viennent se briser contre la coque en bois envahit l'espace sonore, avant que n'émergent une foule de craquements et de sifflements… Autant de matière omniprésente mais inaudible à qui ne prend pas le temps d'écouter, et qui alimente «l'anthropologie sonore» menée par le Soundwalk Collective depuis onze ans à travers le monde.
Luxe. Les «pêcheurs de sons» achèvent ces jours-ci un lent travail de collecte qui les a entraînés sur les côtes grecques, turques, géorgiennes puis ukrainiennes. «La première partie du projet a pris la mer il y a deux ans en Méditerranée, détaille Stephan Crasneanscki, réalisateur français à l'origine du collectif, qui travaille avec deux New-yorkais, Simone Merli et Kamran Sadeghi. Le voyage a commencé en Grèce sur les pas d'Ulysse. Cet été, nous le prolongeons en suivant la route d'un autre mythe fondateur : la quête de la toison d'or par Jason et les Argonautes jusque dans l'ancienne Colchide devenue Géorgie.» Coûteux - près de 40 000 euros -, le voyage se finance principalement avec les revenus de pièces sonores commandées au réalisateur français par des marques de luxe comme Dior ou Chanel.
Parti il y a un mois d'Istanbul, le voilier affrété cette année est bardé de matériel de prise de son et de scanners chargés d'enregistrer toutes les ondes radio croisées en chemin : FM,