Le récent décès d'Amy Winehouse, il faut le souligner, a permis de refonder l'ontologie du rock. L'ontologie est cette science qui s'intéresse à l'être des choses, et qui décide si elles sont, ou pas, et ce qu'elles sont. Dans le domaine de l'art, l'ontologie se demande par exemple si la Symphonie n°7 de Mahler est la même quand elle est écrite que quand elle est jouée. Si ladite symphonie interprétée par Boulez est la même œuvre que dirigée par Rattle, ou si ce sont deux œuvres différentes (on sent confusément que non). Surtout que, dans le domaine de la musique enregistrée, l'œuvre est en général réduite à sa performance. En effet, un concerto peut exister même s'il n'a jamais été joué. En revanche, un morceau d'electro n'existe pas s'il n'est pas matérialisé.
On vous dit ça parce qu'il a été question de ranger Amy Winehouse dans le club des 27, c'est-à-dire des rock-stars mortes à 27 ans. Or, on voit bien que clamser à 27 ans n'est pas une condition suffisante. Ni même faire du rock. Non. Il faut en plus être mort de son art, c'est-à-dire avoir échangé sa vie contre son œuvre, au même titre que Jésus-Christ. C'est la faute aux romantiques : ces salauds ont décidé au XVIIIe siècle de laisser tomber Dieu le Père comme modèle au profit de Dieu le F