L’art délicat du musicien country Mickey Newbury, c’est quelques notes égrenées hors champ et qui passent subrepticement dans le cadre d’une ville western, puis retournent se perdre dans le vent. Dit autrement, il n’a jamais donné dans le grand spectacle. En 2002, la mort du natif de Houston (Texas) d’un fibrome pulmonaire à l’âge de 62 ans n’a d’ailleurs pas fait trois lignes de ce côté-ci de l’Atlantique. Les journaux américains ont quant à eux donné dans la nécrologie institutionnelle.
Partant, on aurait parié que la réédition du coffret An American Trilogy, qui regroupe les quatre meilleurs disques de ce type discret (Looks Like Rain, en 1969, 'Frisco Mabel Joy, en 1971, Heaven Help the Child, en 1973, plus Better Days, chutes de studio de l'époque) n'allait pas émouvoir grand monde. Ce fut l'inverse : le Texan a fait depuis juillet l'objet d'un buzz invraisemblable, le distributeur français d'An American Trilogy se retrouvant à sec au bout de cinq jours. Depuis, il est contraint de jongler avec les réassorts.
«Clubs noirs». De son vivant, Mickey Newbury fut surtout reconnu par ses pairs. Un musicien pour musicien : plutôt que de faire la liste de ceux qui ont repris ses morceaux (de Joan Baez à Waylon Jennings, en passant par Roy Orbison, Willie Nelson ou les Everly Brothers), on a plus vite fait de dire qui n'y a pas touché. Le