Menu
Libération
portrait

Chloé, ça pulpe toujours

Article réservé aux abonnés
Pilier du Pulp, club parisien mythique, cette musicienne electro radicale se produit désormais à travers l’Europe.
publié le 16 septembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 19 septembre 2011 à 16h42)

Pendant dix ans, de 1997 à 2007, il y eut au 25, boulevard Poissonnière, à Paris, un village d'irréductibles qui résistaient à l'envahisseur. Pour être honnête, ou au moins précis, ce n'était pas un village mais une boîte de nuit, le Pulp. Et, en lieu de Gaulois, une bande de filles qui aimaient les filles, de garçons, de trans et d'égéries noctambules. Ils s'amusèrent beaucoup. Et ils créèrent une scène lesbienne et queer en France, luttant contre les normes sexuelles martelées à nouveau par les courants réacs, dont les derniers haut-parleurs sont les députés et sénateurs de la Droite populaire.

Paris est censé être une fête, on le sait. Mais cette sauterie-là était crade, suintante, et se rythmait au son de l’electro. Dans la minuscule cabine de DJ du club des Grands Boulevards se succédaient des filles et des garçons qui envoyaient un son froid, énervé, presque punk, qui synthétisait l’angoisse de l’époque. Et au côté de tous ces musiciens, parmi lesquels Sextoy, Ivan Smagghe et Jennifer Cardini, il y avait Chloé, une jeune fille filiforme au regard bleu profond, à l’apparence timide, qui balançait des rythmes lourds et puissants.

La mélancolie, comme l'âge adulte, arrive parfois plus vite que l'on ne croit. Et depuis 2007, moment où le Pulp a fermé pour des raisons immobilières, nombreux sont ceux qui évoquent avec nostalgie ce bouillonnement nocturne et marginal. Mais pas l'oiseau de nuit Chloé, 35 ans. Souriante, le regard un peu effarouché, toute vêtue de jean