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Critique

Nirvana, genèse éternelle

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Il y a vingt ans, le manifeste grunge «Nevermind», qui fait l’objet d’une réédition, révélait à l’Amérique et au monde un trio originaire de Seattle et changeait la face du rock. En exclusivité pour «Libération», le bassiste Krist Novoselic retrace la légende.
publié le 24 septembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 25 septembre 2011 à 14h56)

Le 24 septembre 1991, les bacs accueillaient un album intitulé Nevermind, réalisé par un trio d'Américains portés sur la flanelle et l'héroïne, les Sex Pistols, Joy Division, Pixies et Black Sabbath. Devenu disque d'or en quelques semaines, Nevermind avait alors détrôné Michael Jackson au sommet des classements. «On a gagné», s'est empressée de clamer la presse rock.

Branleurs. Derrière ce «on» revanchard se cache tout le rock indé américain - fanzines et radios universitaires, labels confidentiels et autres initiatives underground -, porté par des groupes comme Minor Threat, Black Flag ou Dinosaur Jr., qui s'est doucement hissé jusqu'aux oreilles des grosses compagnies. Le succès commercial de cette scène est resté minime jusqu'à ce que R.E.M., Jane's Addiction ou Sonic Youth sautent le pas chez Geffen Records ou ailleurs, ouvrant la voie à un groupe de branleurs du néo «No Future» en provenance de Seattle.

C'est en 1989 que Nirvana sort son premier album, Bleach. De facture lo-fi crade vomissant les guitares heavy metal, Bleach s'inscrit dans la lignée grunge lancée par Mudhoney. Mais dans la fournée noise se cache une perle mélodique, About a Girl. Mal assumée par son auteur, Kurt Cobain, qui juge la chanson trop commerciale, c'est pourtant cette incursion pop dans la crasse électrique qui va générer Nevermind.

«Nous avions notre propre disque, se rappelle Krist Novose