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Portrait

Joan Baez, les nuances du respect

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Amusée, l’icône protest-song et de la conscience de gauche exige bien moins de révérence qu’elle n’en suscite.
publié le 26 septembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 29 septembre 2011 à 16h30)

Un jour de 1966, alors qu’elle vient de donner un concert dans la région de Denver, Joan Baez apprend que les Beatles - avec lesquels elle partage l’affiche - veulent la rencontrer. Elle file dans leur loge. «Ils étaient en train de fumer et de boire. Il y avait aussi une vingtaine de groupies à moitié nues. Quand ils m’ont vue, ils ont éteint leur cigarette. Ils ont posé leur verre. Et ils ont rougi comme si j’étais leur mère. Puis, ils m’ont tendu la main et se sont présentés les uns après les autres : « Bonjour, je suis George », « bonjour, je suis Paul »… C’était drôle.»

Les Beatles, Bob Dylan (qui fut son compagnon) ou Martin Luther King : depuis cinquante ans, la chanteuse folk américaine a suscité chez ceux qu'elle a croisés à peu près toutes les nuances du respect. Autant dire que quand on la rencontre à la veille de sa tournée française (du 24 septembre au 15 octobre), on n'en mène pas large. D'humeur apparemment joueuse, elle balance d'entrée : «Toute seule dans une chambre d'hôtel avec un Français ?» Voilà pour DSK et pour le photographe, qui demande à la voir seule et avec qui elle échangera son écharpe avant les prises de vue.

Comme personne ne lui parle jamais de musique, on la lance sur Wagoner's Lad, chanson traditionnelle anglo-américaine venue de la nuit des temps («Mes parents ne l'aiment pas, parce qu'il est pauvre / Ils disent qu'il n'est pas digne de passer la porte») que tout musicien folk interprète du premier jour où il se m