Une interview de Johnny Hallyday, deux mois d’attente. Il y a l’attachée de presse de la pièce que Johnny joue au théâtre Edouard-VII, la dame chargée de l’image de Johnny, la manageuse de Johnny et tout ça chicane sec en coulisses tandis que Johnny, à Saint-Barth, apprend son texte.
Finalement, un vendredi d'automne à 18 h 30 la porte s'ouvre sur un écrin rouge de la taille d'une roulotte pourvue d'un unique canapé léopard. Où m'asseoir ? Dans le léopard. «Nous ne nous sommes jamais rencontrés», dit Johnny. Des yeux indigo me passent au détecteur. Si, on s'est déjà vu. Au casino de Saint-Malo, j'avais 10 ans, mon père a forcé les barrages pour faire signer le disque dans sa loge. «Ça fait longtemps que je fais plus les casinos», répond Johnny, plus racé en vrai qu'à la télévision. Un calife gitan.
Je viens de réécouter Rivière… ouvre ton lit. Johnny dit qu'il ne peut pas se souvenir de tout ce qu'il a fait. Je le rafraîchis. Sur cet album de 1969, il est accompagné par Jimmy Page et Steve Marriott, le guitariste des Small Faces qui compose une partie des chansons. L'autre partie est de Johnny lui-même, avec des paroles de son ami Long Chris. Je suis né dans la rue, Voyage au pays des vivants. Avec sa voix somptueuse de bluesman et ses musiciens ultrastylés, non seulement, il est alors le passeur en France du rock anglo-saxon, mais un accélérateur de particules rares. De même, Hendrix lui doit les premiers concerts du Jimi Hendrix Experience