C’est l’illustration que tout est dans tout. Et l’inverse pour les gauchers. Nous sommes en 1995. Alors que le Web est toujours en couches et pas encore le fossoyeur du CD, ces tuyaux prédateurs de l’industrie musicale vont biberonner ce qui va devenir la «bible» de l’indie rock. Dans sa chambre familiale, un tout juste majeur de Minneapolis (Minnesota) bidouille sur son ordinateur un blog dédié à sa passion pour les musiques pop, rock, folk et electro, dites alternatives. Turntable est le premier nom de ce webzine qui va être renommé Dotpitch en 1996, puis enfin Pitchfork l’été de la même année.
Méchu-barbu. Le nom de ce pionnier de l'info en ligne qui a décidé avant tout le monde, pour des motifs évidemment économiques mais aussi d'efficacité et de rapidité de publication, de s'affranchir de la presse papier ? Ryan Schreiber. Car, quand ses copains écrivaient, imprimaient puis photocopiaient leur prose pour en faire un fanzine (contraction de «fan» et «magazine»), l'employé de magasin de disques codait ses pages en HTML.
Seize ans plus tard, méchu-barbu comme nombre de ses lecteurs, Ryan Schreiber, désormais âgé de 35 ans, dirige une équipe d'une trentaine de personnes dans ce qui est devenu le premier site indépendant d'informations musicales du monde, tant en fréquentation (350 000 visites par jour, 2 millions de visiteurs uniques par mois) qu'en termes d'influence. Le directeur de Pitchfork n'a de cesse, dans les rares interviews qu'il accorde (lire c