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Libération
Grand angle

Fukushima, l’avis d’artistes

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Chanteurs, DJ ou écrivains, ils se font l’écho de la contestation antinucléaire et, de festivals en manifs, brisent l’omerta qui règne au Japon.
Une image du tube de l'été au Japon, «Dare ni mo mienai» («Les radiations, personne ne peut les voir»), du chanteur Rankin Taxi. (DR)
publié le 31 octobre 2011 à 0h00

En train, en car, en voiture, à moto, à vélo, à pied, sac à dos et matériel de camping sous le bras, c’est tout une jeunesse japonaise bariolée, tifs déteints, l’âme nomade, qui accourt par bandes chaque été au Starlight Reggae Festa, le plus grand festival reggae du Japon, à 100 kilomètres au nord-est de Kyoto,

dans les beaux méandres montagneux et campagnes vallonnées de Gifu. L’édition 2011 n’a pas dérogé à la tradition, attirant 20 000 personnes. Mais elle a eu un goût amer, celui des retombées de la catastrophe de Fukushima et d’une contestation antinucléaire qui ne cesse de s’amplifier avec le soutien actif d’artistes, d’écrivains, de musiciens. Un phénomène sans précédent (1).

En ce mois de juillet, alors qu'un voile de brume enveloppe la vallée et les forêts alentours, que de lourdes basses résonnent dans les sonos hyperpuissantes, Rankin Taxi, look vert fluo, s'élance sur scène. Il entonne aussitôt son sulfureux tube de l'été, Dare ni mo mienai, nioi mo nai, («Les radiations, personne ne peut les voir, ni même les sentir»), qui a défilé cent mille fois sur YouTube (2), toutes versions confondues. Ecrit et mis en musique avec le Dub Ainu Band, le hit, balancé par un reggae efficace, est adapté d'un tube de 1986 sur la catastrophe de Tchernobyl. Le refrain donne le ton : «La radioactivité est forte, la radioactivité est puissante, elle n'épargne personne, on n