Ça commence par un mensonge. Lundi matin, dans un bureau d'Oxford Circus, John Harris, rédacteur en chef de 25 ans, se vante d'avoir réussi le coup médiatique de l'année : une interview des trois Beatles. Sous un titre qui annonce la poussée de fièvre («Du calme, du calme, voilà les Beatles !»), Q, le plus gros tirage de la presse musicale anglaise, affiche en une la photo tout sourire des trois survivants de Liverpool. Problème : la réunion annoncée n'a jamais eu lieu. Malgré le sous-titre prometteur «We Love Each Other», personne n'a réussi à rassembler Paul, George et Ringo dans une même pièce. Paul Du Noyer, le journaliste de Q, n'a rencontré que McCartney. Les entretiens de George Harrison et de Ringo Starr ont été montés avec du matériel fourni par la maison de disques Apple.
Derek Taylor, porte-parole des Beatles, est embarrassé par la question, un peu dépassé par la machine médiatique qui s'emballe et ne ressemble à rien de ce qu'il a connu avant la séparation de ses protégés, en 1970 : «Il y avait une demande folle. La presse anglaise a fait au mieux avec ce que nous pouvions lui donner.» Une vraie fausse interview exclusive donc, une reformation qui n'en est pas vraiment une, une nouvelle vieille chanson qui tombe du ciel avec la voix d'un Lennon virtuellement ressuscité. Avec la sortie, lundi, du nouveau quarante-cinq tours Free as a Bird et du premier volet de l'Anthology, la diffusion d'un documentaire supervisé par Ge