Tous l'attendaient secrètement. Mais sans réellement vouloir croire la chose possible. Et puis l'apparition messianique tant espérée a eu lieu. Bertrand Cantat a surgi vendredi soir devant les 6.000 personnes présentes sous le chapiteau du Zénith de Paris lors du concert de l'énergique groupe rock-funk-fusion français Shaka Ponk. Possédé et bondissant comme au premier jour. Engagé et engageant comme toujours. L'ex-chanteur de Noir Désir - ou, plus exactement, le chanteur de feu Noir Désir - a chanté sur scène à Paris pour la première fois depuis le printemps 2002 où le groupe dont il était le leader-chanteur-guitariste avait été élu «album rock de l'année» lors des Victoires de la musique. C'était avant la tragédie de Vilnius quand il frappa à mort Marie Trintignant, avant le suicide de la mère de ses enfants, avant l'explosion d'une des plus fameuses troupes musicales que la France ait connu. C'était avant.
Et puis hier, ce fut maintenant. Bertrand Cantat a tout d'abord été acclamé. Longtemps. Puis son nom a été scandé. Longuement. Emu, il s'est incliné, a joint ses deux mains sur son torse pour signifier son émotion. Puis la musique a démarré. Tout de noir vêtu, Bertrand Cantat a alors entamé les paroles de Palabra mi amor, la chanson de Shaka Ponk dont il a écrit les paroles et pour laquelle il prête sa voix sur le dernier album du groupe français. Et là, on a retrouvé l'interprète de Tostaky, son énergie unique, sa générosité non calculée. En transe, la