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Ça tangue

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Melingo. Voix abîmée et silhouette aiguisée, ce musicien argentin, rocker des années 70, revivifie un tango des tempêtes.
publié le 2 décembre 2011 à 0h00

Des fantômes arpentent le boulevard Magenta. Cette artère hausmannienne du nord de Paris a donné son nom à un album de Mink DeVille, Return to Magenta, en souvenir des quelques semaines où l'âme du groupe, Willy DeVille, y vécut (selon une autre source, c'est son dealer qui y tenait échoppe). Ces jours-ci, Melingo y loue un vaste appartement, entre la sortie de son disque Corazón y Hueso, et deux concerts au Café de la danse (1). Le chanteur de Buenos Aires et le défunt pirate de New York ont plus d'un point commun : Melingo comme DeVille ont traîné leur dégaine de mauvais garçon dans les marges des villes, ont vécu le rock'n'roll des années 70 entre le bruit, la fureur et l'odeur de poudre… Et refermé la boucle par un retour aux racines, le blues et les refrains cajuns de La Nouvelle-Orléans pour l'Américain, le tango pour l'Argentin.

Comme tout le monde, Melingo a un prénom : Daniel. Mais il est rare qu'on s'en serve : sa famille l'appelle Dani et ses potes, El Negro, surnom de tous les Argentins au teint un peu plus sombre que la moyenne. Buriné et grisonnant, c'est un marin au long cours qui a traversé les océans au gré d'histoires tourmentées, les siennes et celles de son pays. La France l'a découvert en 2004 avec le CD Santa Milonga et un concert survolté à l'Européen : le public était médusé par ce trublion destroy à la voix superbement fêlée et à l'allure de Nick Cave ou de Tom Waits. Comparaisons qui le font sourire : «Je ne m'