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Critique

David Lynch fait le clown rock triste

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Electro. Le cinéaste de «Blue Velvet» transplante son maniérisme schizoïde dans l’univers binaire. Retour sur un CD clonesque qui trashe bien son jeu.
David Lynch, le 6 mai 2008 à Paris. (©Jérôme bonnet)
par BAYON
publié le 9 décembre 2011 à 0h00

David Lynch passe, depuis presque 40 ans (Eraserhead, 1976), pour maître en matière de cinéma made in USA expérimental ; d’Elephant Manà Inland Empire en passant par Sailor & Lula (bonne cogne d’ouverture et bon délire intermédiaire dansé grâce à Nicolas Cage), sans parler de la série Twin Peaks. Au hasard de Dune ou Mulholland Drive, certains ne se faisaient pas faute de soupçonner bientôt cet avant-gardisme psycho grand public de n’être qu’un leurre à la Quentin «Melville» Tarantino ou Terrence «Tarkovski» Malick.

Venant étayer ce soupçon de grands airs pour pas tant que cela, le CD rock de sortie 2011 du monsieur, 65 ans, en jachère cinématographique depuis une demi-dizaine d'années (sa Métamorphose de Kafka annoncée dès 2008) : Crazy Clown Time.

En quatorze plages, quelque chose d’une bande-son postrock carbonique à la Dirty Beaches de saison. Soit du Kraftwerk Morricone en suspension de souffle Shadows (genre préempté il y a dix ans par Josh Haden et son groupe westernien à la Cowboys Junkie-Silvertone, Spain).

Guitares fixistes néo twang surf 60 paralysées, programmations ambient robotiques - et surtout possession elvisienne. Comme tout le monde, à commencer par l'aîné cinéaste Carpenter. «Elvis, Elvis… Pervert, pervert…» chuinte la voix névrosée à façon au vocodeur, du cinéaste rockisant à ambitions ectoplasmiques presleyiennes.

Garage hanté. Formalisme maniaque faute de vraie