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Interview

Mirel Wagner «Mon genre de chagrin serait la détresse mélancolique»

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La chanteuse parle de ses sources, de ses icônes et de la Finlande :
par BAYON
publié le 14 décembre 2011 à 0h00

Conversation spatio-temporelle avant-hier matin avec la chanteuse antipodique.

Vous avez l’air triste. Vous l’êtes ?

Non, je ne le suis pas. J’ai mes moments de tristesse, comme n’importe qui. Mais la tristesse en chansons n’a rien à voir avec la tristesse dans la vraie vie.

Quel type de chagrin exprimez-vous plutôt ? Nostalgie, mal du pays, ennui, peur, angoisse, néant, solitude ?

Mon genre de chagrin serait la détresse mélancolique. Le désespoir que j’exprime cachant habituellement un fond de dérision.

Comment vous viennent des chansons comme The Road ?

J’avais rêvé que je me noyais. Au réveil, je songeais aux motifs de ma noyade… Je me sentais tellement désespérée de cette asphyxie dans mon sommeil, que j’ai éprouvé le besoin d’en tirer une complainte. Une chanson que je voulais totalement triste, au risque d’en être grotesque…

Vous avez 23 ans, mais votre âge enchanté ? Sept jours tel Peter Pan, qui décida de ne plus grandir ?

Je me sens simultanément une vieille personne, et une fillette restée en enfance. Quand je chante, je sors du temps. En fait, j’ai 24 ans à ce jour, mais je ne me sens jamais correspondre à cela.

Vos modèles, icônes ? Comme chanteuse, musicienne, femme ?

Modèles… dur à dire ; de vie peut-être. Icônes : côté composition, je verrais Léonard Cohen, Nick Cave, Roky Erickson. Côté guitare, sans doute Mississippi John Hurt. Et côté chant, probablement Billie Holiday. D’ailleurs, le sexe de l’icône ne compte pas, je me considère comme un auteur, sans notion de féminité ou masculinité.

Une vision heureuse de votre enfance ?

Sans hésiter, ma mère me chantant des berceuses.

Et un souvenir malheureux ?

Un jour mes parents oublient de venir me chercher au théâtre ; j’ai peur. Heureusement, ils finissent par se souvenir de moi.

Que devenez-vous quand vous ne broyez pas du noir ?

Je fais des choses banales : du genre sortir entre amis…

Si vous êtes femme à pouvoir concevoir votre mort tôt ou tard, comment l’imaginez-vous ?

Je vois mon heure venir quand j’aurai vieilli et que j’aurai eu une vie bien remplie, riche d’intérêts et