«Nous sommes juste des DJ qui nous inspirons de nos origines : ghetto et marginalité, ex-colonies et porte-drapeau d'une envie de révolte.» Entre clope et café, João Barbosa se marre : «On mélange le tout en cross-over d'electro-hip- hop, broken beat-dubstep : à l'arrivée, on fait de la world dance sous influence. Pas de la musique-musée.» Une musique mutante. Un dance-hall électrocutant et vampirique. Komba, deuxième album du crew portugais Buraka Som Sistema, n'éteint rien de son trip incendiaire Black Diamond, allumé en 2009.
«Kuduro».«Le komba tient du rituel, dit Kalaf Angelo, qui a vécu jusqu'à 10 ans en Angola. Une semaine après la mort d'un proche, on fait une fiesta autour de ses plats et boissons préférés.» L'exutoire agit tel un shoot d'adrénaline dans les tripes : ça concasse (beats musclés), ça ressasse (boucles monstrueuses), ça trépasse (sons transe). En fiesta zombie à retourner les morts. Et les vivants.
Buraka Som Sistema n'a pas la prétention d'exhumer le kuduro («cul dur», en pidjin portugais, danse hommage à l'ami Van Damme) en vogue dans les faubourgs de Luanda depuis les années 90, pour le recracher en copié-collé. «On n'est pas des puristes, mais des passeurs», dit Kalaf. Le collectif, formé au gré de sets de DJ en 2006, dans des quartiers popus lisboètes, n'a pas besoin de revendiquer fraîcheur et spontanéité. La réputation de leurs concerts y suffit…