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Critique

Diego El Cigala, frères tango

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Flamenco. L’Espagnol s’est entouré d’invités pour son dernier album, un live à Buenos Aires.
Diego El Cigala (Juan Aldabaldetrecu & David Sirvent. DG)
publié le 4 janvier 2012 à 0h00
(mis à jour le 4 janvier 2012 à 11h36)

La place Santa-Ana, dans le cœur du vieux Madrid, si bruyante et animée le soir avec ses bars bondés d'étudiants, est calme et agréable l'après-midi. Diego El Cigala nous a donné rendez-vous dans l'ancien hôtel Victoria, communément appelé «l'hôtel des toreros». «Et tu sais pourquoi ?, nous lance le cantaor d'emblée. Parce que depuis les balcons, ils voyaient les arbres de la place. Et suivant les mouvements des branches, ils jaugeaient la force du vent, leur ennemi juré, et en déduisaient s'ils auraient une corrida tranquille ou compliquée.» La métaphore taurine appliquée au flamenco est un cliché éculé, mais la tentation est forte : dans son dernier disque, le chanteur de 43 ans a affronté un taureau redoutable, le public de Buenos Aires, juge exigeant en matière de tango. C'était en avril 2010, au Teatro Gran Rex de l'avenue Corrientes, d'où El Cigala est sorti avec, dans sa poche, 3 300 paires d'oreilles.

Insolite. Le concert, qui paraît en CD et DVD, est exceptionnel. Entouré d'une pléiade d'invités, El Cigala recrée les classiques du tango, où sa voix minérale creuse des abîmes. Chansons immortelles de Carlos Gardel, ou l'insolite Youkali Tango de Kurt Weill, écrit à Paris en 1935, Los Hermanos d'Atahualpa Yupanqui, en duo avec le rockeur Andrés Calamaro, le répertoire est un sans-faute. Seule erreur, le thème du Parrain de Nino Rota est réservé au DVD.

«Heureusement que le concert a été une réuss