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Libération
Interview

«Je pense tendre vers une forme d’apaisement»

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L’artiste revient sur sa carrière et évoque ses mutations.
publié le 23 janvier 2012 à 0h00

Trois heures avant de monter sur scène, à Fouesnant-les-Glénan (Finistère), Dominique A, 43 ans, conjugue passé composé et futur simple dans la grisaille quiète d’un petit hôtel de bord de mer, sorti de la torpeur hivernale par l’équipe artistique qui y a élu domicile, le temps d’une résidence.

Pouvez-vous resituer l’état d’esprit dans lequel vous êtes, à l’automne 1991, lorsque vous postez la Fossette à quelques personnes ?

Un sentiment bizarre : à la fois je fais en sorte de ne rien attendre de cette initiative et en même temps, j'espère bien susciter une réaction. C'est une bouteille à la mer. J'en ai pressé 150 exemplaires à compte d'auteur, et juste envoyé quelques-uns à des journalistes, les autres étant destinés à être vendus - ils ne le seront pas tous, j'en ai gardé un. Ce disque a été conçu en opposition à ce que j'entendais à l'époque : une production aux sons très mouillés et un rock français d'une tristesse à pleurer, hormis bien sûr Bashung, Manset et Murat. Avec la Fossette, j'étais persuadé de faire à mon tour du «rock français», une notion dont, aujourd'hui, je me fous. Cet album a été pensé comme un manifeste paupériste ; la version qui ressort a été pseudo remixée, disons qu'on a juste enlevé un peu de souffle. Vingt ans plus tard, cela reste pour un moi un disque de combat que j'écoute encore avec une grande bienveillance. J'aime son atmosphère monochrome, son côté dépressif à peine atténué par quelques clochettes et claviers. Il possède un côté réellement plombé que je n'ai mesuré qu'a posteriori. Désormais, je pense tendre vers une forme d'apaisement, au moins dans mon foncti